de Robert Harris

Résumé

“Berlin 1964. (…) la paix nazie règne sur l’Europe. l’inspecteur March est chargé d’enquêter sur deux meurtres alors que Berlin se prépare recevoir le président américain en vue d’une alliance avec le Reich. Pourquoi la Gestapo vient-elle soudainement reprendre les rênes de son enquête.

L’auteur

Ancien reporter, réalisateur, éditorialiste (élu éditorialiste de l’année en 1992), Robert Harris écrit d’abord essais avant de passer à la fiction avec Fatherland, justement.
Son site officiel:  www.robert-harris.com

Ce que j’en pense

Fatherland m’a été conseillé dans le cadre de ma recherche de romans d’anticipation (pour mon projet de roman). Le thème nazie, Reich et compagnie ne m’emballait guère. Il faut dire qu’à l’adolescence, emballée par cette période de l’Histoire,  j’ai beaucoup lu et vu sur la 2nde Guerre Mondiale. Sans doute, un souvenir de trop plein, me fit hésiter à l’achat de Fatherland. Heureusement, l’enthousiasme du vendeur l’a emporté sur mon manque d’enthousiasme (l’idée de me balader dans le métro avec cette couverture de livre sous le bras !). J’ai donc suivi son conseil.

Début de lecture un peu rude. Me revenait en mémoire mes lectures passées. La typo, vieillotte, a rudement mis à mal ma presbytie naissante. Mais le personnage principal, l’inspecteur March, m’a attrapé dans ses filets, prise au piège de sa complexité, de sa taciturne et pas encore désabusée tournure de pensée.
A travers l’enquête qui atterrit par hasard dans les mains de March, on découvre cette Allemagne nazie de 1964, et l’on découvre, par petite touche, “qui” est March, ce qui l’anime ou pas

Le style de l’auteur, s’il ne m’a pas fait “rêver”, est très classique, sobre. Ni fioriture, dorure ou fabala, ce qui le rend, du coup, très efficace pour ce roman noir. Pour autant, le lecteur ressent une forme d’immersion : il voit, entend, sent.
Le Reich de 1964 est le terreau d’une nature humaine louable, hypocrite, oublieuse, mesquine, grandiose. Les personnages, principal autant que secondaires, sont denses, passionnants. J’ai aimé suivre leur petite et grande misère, leur vie (non) assumée, leur bassesse.
L’inspecteur March est d’autant plus intéressant qu’il n’a rien de manichéen. Ni franchement pour ni franchement contre le régime nazie, il subit les évènements (parcours militaire, figure paternel, mariage, divorce…). Il tente de vivre sans réel objectif de vie, du moins ont ressent qu’il tente de se maintenir en vie alors qu’il n’a pas de rêve, pas d’espoir. Ce qui le tient à flot, découvre-t-on, est son obsession du travail bien fait et son respect de la vérité.

Ne cherchez pas d’écho à notre époque, bien que les romans d’anticipation soit un reflet – à peine ? – déformé de notre présent. Immergez vous dans ce roman comme on plonge dans “Casablanca” ou “le Faucon maltais” pour suivre la vie d’un homme comme les autres tentant de trouver sa place dans un monde qu’il comprend de loin.

Merci Mister Harris. Merci au vendeur de la Fnac Italie 2.

Extraits

“March tira une dernière bouffée de sa cigarette et expédia le mégot d’une chiquenaude. Le tabac grésilla et s’éteignit sur la chaussée mouillée. A son approche, un des policiers leva le bras. “Hein Hitler!” March ft mine de l’ignorer et dévala maladroitement la berge détrempée pour examiner le corps de plus près.”

 

” Ils se séparèrent au milieu du parc. Il coupa par la pelouse, à grands pas, en direction de la ville bourdonnante. Sans ralentir, il prit l’enveloppe dans sa poche … et sans y réfléchir la porta à ses narines. Son parfum.”

 

“Il avait arraché une douzaine de pages blanches de son calepin, les avait déchirées  en deux, puis encore en deux. Tout était étalé sur la tablette de plastique devant lui. Sur chaque bout de papier, un nom, une date, un fait. Il les faisait glisser sans cesse – les premiers à la fin, les derniers au milieu, ceux du milieu au début -, cigarette au bec, dans un nuage de fumée, concentré, loin de tout. Quelques passagers lui jetaient à la dérobée des regards sceptiques; il avait l’air d’un maniaque jouant à une forme de patience particulièrement démente.