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En mettant à jour mon “curriculum vitae” théâtre, je me suis rendue compte que je n’avais pas chômé tant que ça, et, surtout, que le théâtre représentait une partie importante de ma vie. 3/4. Oui : trois quarts de ma vie dédié au théâtre. Jeu, écriture, mise en scène, spectatrice.
Passion ou prédisposition génétique ? Hobby ou nécessité vitale ? Art d’être ou bien art de vivre ? Faire avec ou se demander pourquoi ? Et si l’important était juste dans le je(u) ?
De 1983 à 2002,
je fais du théâtre amateur, en tant que comédienne. Se tenir sur une scène, apprendre à respirer, à articuler, à écouter ses partenaires, à se souvenir de son texte et de ses déplacements. Rencontrer des acolytes, des partenaires de jeu, des sensibilités plus ou moins exacerbés : vivre des aventures humaines, embellir son quotidien.
Grâce à la magie des mots de William Golding, JP Grenier, JP Sartre, Anton Tchekov, Marivaux ou Christopher Hampton*, grâce à la passion et au talent de mes “profs” et metteurs en scène, j’ai été le jumeau Harry de Sa Majesté des mouches, Kaokab des Filles du 5/10/15, Mme de Merteuil des Liaisons dangereuses, la Junie de Britannicus*, etc.
Des moments exceptionnels. Des émotions intenses. Le trac, qu’on apprend à gérer. Le trou**, dont il faut sortir… et qu’il faut apprendre à dépasser. Le personnage auquel on donne vie, sans se perdre de vue. Le travail collectif, les crises ou les doutes autant que la solidarité et les fous rires. La confiance, le (fameux) lâcher prise : se mettre entre les mains du metteur en scène et de ses partenaires. Et puis, enfin, le public, le précieux temps qu’il nous octroie et qu’on compte lui rendre au centuple. Puis, les applaudissements : THE récompense.
Amateurs ou professionnels, les comédiens passent par les mêmes exigences, le même trac, et pour un même objectif : régaler le public. Quelle aventure, n’est-ce pas ?
De 2002 à maintenant,
après un passage par le Cours Florent où je découvre, entre autre, la direction d’acteur, je crée ma compagnie : un atelier de théâtre (amateur) pour adultes avec pour ambition de proposer des spectacles de niveau pro et en privilégiant les auteurs contemporains.
De nouvelles aventures sont donc nées avec Dixit & Compagnie. Réunir des comédiens, les motiver, leur transmettre une vision, trouver la juste dose d’exercices, de consignes, de liberté (pas facile !), réaliser mes promesses de qualité et de plaisir.
Autre découverte, celle de la “technique” : le son et les lumières (arghhh !). D’ailleurs, merci et bravo aux régisseurs rencontrés au hasard des locations de salle : quel soulagement de les avoir eu. Je frémis en repensant à mes premières années, livrée à moi-même pour imaginer et faire la régie.
En 2017, Dixit & Compagnie aura créé douze spectacles, soit une quarantaine de représentations. Près d’un millier de spectateurs (si, si, j’ai refait le calcul plusieurs fois).
Les prochaines aventures ?
spectacles de fin de saison; préparation d’un catalogue de théâtre en appartement; adaptation d’un classique du cinéma; des créations originales; et toute surprise dont la seule idée suscitera l’envie de faire.
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* liste non exhaustive
** trou de mémoire : moment, plus ou moins long, d’oubli de son texte, ce qui crée chez le comédien, qui plus est amateur, des affres si horribles qu’il veut, tout à la fois :
1) disparaître dans un trou de souris,
2) remonter le temps et ne jamais, ja-mais, avoir la fichue idée de faire du théâtre,
3) rétablir le digne métier de souffleur,
4) se tourner vers le public pour s’excuser (à genoux s’il le faut) et lui expliquer que – si, si – c’est la première fois !,
5) crier à ses partenaires de l’aider et plus vite que ça ! (enfin… quand il a des partenaires).
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